Leur cuisine

Il y flottait toujours le parfum du bonheur, de l'amour profond et solide, de la bonté, de la vie.

Dans chaque recoin, dans chaque tiroir, derrière chaque porte. 

Notes de tête, notes de coeur, notes de fond.
Cette petite musique douce qui est restée, malgré les années, malgré les travaux et les changements. 
Qui a imprégné la brique. 

Je tends le nez : la pomme mûre du jardin m'y saute immédiatement. 
Elle se lance dans une ronde enivrante avec des champignons des bois, qui virevoltent, suspendus comme des équilibristes dans un coin de la pièce.
Les impatients cornichons au sel qui se dandinent sous la table bleue en formica, soulevant joyeusement le petit morceau de bois qui peine à les retenir. 
Qu'ils sont pétillants et impertinents, le seigle et l'ail qui barbotent et font des bulles !
Tout s'apaise. Valériane la douce, la ronde, les rejoint alors, enlacée voluptueusement au creux d'un baldaquin d'aneth. 
Discrètement, sur la pointe des pieds, une petite touche de miel vient enrober la farandole. 

Une pointe de menthe dans la vaisselle propre. 
Le soleil et la brise dans le linge tout juste sec. 
La verte fraîcheur des haricots cueillis de sa main à la fois rugueuse et douce. 
Le pain qu'il allait chercher tôt, si tôt. 
Le sirop de griottes qu'elle préparait de bon matin. Son gâteau brioché, dense et sucré. 
L'or de ses oignons rissolés. 

Leur cuisine...





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